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C’est vous qui répandez le lait des cruches pleines ;
Détraquez le moulin au milieu du labeur ;
Mettez la vieille hors d’haleine
Quand elle bat son beurre ;
C’est par vous que s’évente
Et que s’aigrit la bière,
Et c’est vous qui riez quand votre ruse invente
D’égarer parmi les tourbières
Le voyageur qui s’épouvante !
Mais pour qui vous nomme Hobgoblin
Ou Puck, vous vous montrez plus plein
De grâces et plus complaisant
Que le plus souple courtisant !
Ai-je raison, esprit malin ?

PUCK

Tu dis juste ! Je suis ce rôdeur amusant,
Et je distrais le roi de ses mélancolies
Quand je trompe un bon gros cheval de paysan
Par mes hennissements de cavale en folie !
Parfois sous la forme réduite
D’une juteuse pomme cuite,
J’ouvre le four d’une commère
Et me cache dedans ;
Ou, lorsqu’elle va boire un bon coup d’ale amère,
Je me heurte à ses dents
Et répands sa gorgée
Sur son menton pendant ;
Ou bien, c’est une dame âgée
Qui va s’asseoir, tout à son aise,
Pour conter une triste histoire :
Elle croit que je suis sa chaise,
Mais, pftt… je bondis en arrière,
Et la voilà sur son derrière,