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ACTE I, SCÈNE II.

poil de plus, où un poil de moins que toi. Tu vas te quereller avec un. homme qui casse des noix, sans autre raison sinon que tu as les yeux couleur de noisette : quel autre œil, qu’un œil comme celui-là, découvrirait là un sujet de querelle ? Ta tête est aussi pleine de querelles qu’un œuf est plein de nourriture ; et cependant, à force de querelles, ta tète a été cassée comme un œuf qu’on a vidé. Tu t’es querellé avec un homme qui toussait dans la rue, parce qu’il avait réveillé ton chien qui dormait étendu au soleil. N’es-tu pas tombé sur un tailleur, parce qu’il portait son pourpoint neuf avant Pâques ? sur un autre, parte qu’il attachait ses souliers neufs avec de vieux rubans ? Et tu viens me sermonner sur le chapitre des querelles !

BENVOLIO. — Si j’étais aussi prompt à me quereller que toi, je céderais au premier venu la propriété pure et simple de ma vie pour une heure et quart d’existence.

MERCUTIO. — La propriété pure et simple ? ô homme simple !

BENVOLIO. — Par ma tête, voici les Capulets.

MERCUTIO. — Par mes talons, je n’en ai souci.

Entrent TEBALDO et autres.

TEBALDO. — Suivez-moi de près, car je vais leur par1er. — Bonjour, Messires j’ai un mol à dire à l’un de vous.

MERCUTIO. Bien qu’un mot à dire, et à un seul, de nous encore ? Ne pourriez-vous accoupler ce mot à quelque autre chose, et faire de cela un mot et une botte ?

TEBALDO. — Vous m’y trouverez facilement disposé, Messire, si vous m’en donnez occasion.

MERCUTIO. — Ne pourriez-vous pas prendre cette occasion, sans que je vous la donne ?

TEBALDO. — Mercutio, tu t’accordes avec Roméo....

MERCUTIO. — Je m’accorde ! qu’est-ce à dire ? Vas-tu nous prendre pour des ménétriers ? si tu nous prends