Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/49

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pertuisanes rongées par la rouille de la paix, afin de séparer la haine qui vous ronge. Si jamais vous troublez encore nos rues, vos vies payeront le dommage fait à la paix. Pour le moment, que tout le monde s’en aille : vous, Capulet, vous, allez venir avec moi ; vous, Montaigu, vous viendrez cette après-midi, pour connaître sur cette affaire notre décision ultérieure, au vieil hôtel de ville, le lieu ordinaire de nos jugements. Une fois encore, sous peine de mort, que tout le monde parte. (Sortent le Prince et les gens de sa suite, Capulet, Madonna Capulet, Tebaldo, les citoyens et les serviteurs.)

MONTAIGU. — Qui a déterminé cette nouvelle explosion d’une antique querelle ? Parlez, neveu, étiez-vous là quand elle a commencé ?

BENVOLIO. — Les domestiques de votre ennemi, et les vôtres, s’étaient pris aux cheveux avant mon arrivée : j’ai dégainé pour les séparer ; à ce moment est venu le furieux Tebaldo, son épée toute prête, avec laquelle, pendant qu’il carillonnait des défis à mes oreilles, il exécutait des moulinets autour de sa tête, lui faisant couper le vent, qui, ne se sentant blessé en aucune façon, payait sa colère en sifflets de mépris : pendant que nous échangions bottes et coups, d’autres, puis d’autres sont venus, et ils se sont mis à se battre mutuellement, jusqu’au moment où le prince est arrivé et a séparé les deux partis.

MADONNA MONTAIGU. — Ô où est Roméo ? L’avez-vous vu aujourd’hui ? Je suis bien joyeuse qu’il ne se soit pas trouvé dans cette rixe.

BENVOLIO. — Madame, une heure avant que le bienaimé soleil eût montré sa tête à la fenêtre d’or de l’orient, une inquiétude d’esprit m’a poussé à sortir, et sous le bosquet de sycomores planté à l’ouest de ce côté-ci de la ville, j’ai vu votre fils, tout aussi matinal que moi, qui se promenait : je me suis dirigé vers lui, mais il m’avait aperçu, et il s’est esquivé sous le couvert du bois : moi,