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comme étrangers à ma nature. Je n’ai pas encore connu de femme ; je ne fus jamais parjure ; rarement j’ai convoité ce qui n’était pas à moi ; en aucun temps je n’ai brisé ma foi ; je ne voudrais pas trahir le diable lui-même à son compagnon ; et je-, trouve dans la vérité autant de bonheur que dans la vie même- : mon premier mensonge a été celui que je viens de diriger contre inoi-^néme. Ce. que je suis en réalité, je le mets à tes ordres et à ceux, de mon pauvre pays, vers lequel le vieux Siward, avec dix mille guerriers déjà tout préparés, se disposait à marcher, avant ton arrivée. Maintenant nous partirons ensemble, et puisse notre succès répondre à la justice de notre cause ! Pourquoi restez-vous silencieux ?

MACDUFF. — C’est qu’il est difficile de réconcilier dans un même moment des choses si heureuses et si mauvaises.

Entre UN MÉDECIN.

MALCOLM. — Bon, nous en parlerons plus amplement tout à l’heure. — Est-ce que le roi vient, je vous prie ?

LE MÉDECIN. — Oui, Seigneur ; il y a là une troupe d’âmes misérables qui attendent sa cure ; leur maladie défie les’plus grandes ressources de fart ; mais le ciel a donné à sa main une telle sainteté, qu’à son toucher ils guérissent immédiatement.

MALCOLM.— Je vous remercie, docteur. (Sort le médecin.)

MACDUFF. — De quelle maladie veut-il parler ?

MALCOLM. — Elle est appelée le mal du roi ; c’est.une opération très-miraculeuse de ce bon roi, que je lui ai vu souvent accomplir depuis mon séjour en Angleterre. Comment il s’y prend pour solliciter le ciel, lui seul le sait : mais il guérit des gens frappés d’une manière étrange, complètement ulcéreux et gonflés, ’qui font mal à voir et qui sont le désespoir de la médecine, en leur passant au cou avec de saintes prières une médaille d’or : on die qu’illaissera aux rois qui lui succéderont ce pouvoir miraculeux de guérison [7]. À cette étrange vertu, il. joint UE