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de te craindre ? Cependant je doublerai la certitude de cette assurance et j’engagerai la destinée : tu ne vivras pas ; je veux pouvoir dire à la crainte au pâle visage qu’elle ment, et dormir en dépit du tonnerre.

Tonnerre. — Surgit l’apparition d’un enfant couronné tenant un arbre à la main [5].

MACBETH. — Quel-est celui-ci qui se lève comme le rejeton d’un roi, et porte sur son front d’enfant le cercle et l’insigne suprême de la souveraineté ?

LES TROIS SORCIÈRES ensemble. — Écoule, mais ne lui parle pas.

L’APPARITION. — Prends un cœur de lion, sois orgueilleux, n’aie pas souci de qui gronde, de qui s’agite, ni de savoir où sont les conspirateurs : Macbeth ne sera jamais vaincu, jusqu’à ce que le grand bois de Birnam marche contre lui sur la haute colline de Dunsinane. (L’apparition rentre dans le chaudron.)

MACBETH. — Cela ne sera jamais ! qui peut commander à la forêt ; ordonner aux arbres de détacher leurs racines enfoncées en terre ? Charmantes prédictions ! excellentes ! Rébellion, ne lève jamais la tète avant que le bois de Birnani ; se mette en marche, et notre Macbeth placé au faîte vivra tout son bail naturel avec l’existence, et ne rendra son souffle qu’au temps et à la loi universelle. — Cependant mon cœur palpite du désir de savoir une certaine chose : dites-moi (si votre art vous permet de m’en dire aussi long), la postérité de Banquo régnerat-elle jamais sur ce royaume ?

LES TROIS SORCIÈRES. — Ne cherche pas à en savoir davantage.

MACBETH. — Je veux être satisfait : ne me refusez pas cela, ou qu’une malédiction éternelle tombe sur vous ! Instruisez-moi de cela. Pourquoi ce chaudron s’enfonce-t-il ? et quel est ce bruit ? (Sons de hautbois.)

PREMIÈRE SORCIÈRE. — Montrez-vous !

DEUXIÈME SORCIÈRE. — Montrez-vous !

TROISIÈME SORCIÈRE. — Montrez-vous !