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LE SEIGNEUR. — Le fils de Duncan dont ce tyran détient le patrimoine héréditaire, vit à la cour d’Angleterre, où il est reçu par le très pieux Édouard avec une telle faveur, que la malveillance de la fortune ne lui fait rien perdre du grand respect qui lui est dû : c’est là qu’est allé Macduff pour prier le saint roi de réveiller, en faveur du prince, Northumberland et le vaillant Siward, afin que par leurs secours, — avec l’approbation de celui qui est en haut, — nous puissions donner à nos tables la nourriture, à nos nuits le sommeil, affranchir nos fêtes et nos festins des poignards sanguinaires, rendre un fidèle hommage, et recevoir de libres honneurs, toutes choses après lesquelles nous soupirons à présent, : or, le rapport de ces choses a tellement exaspéré le roi qu’il fait quelques préparatifs de guerre.

LENNOX. — Avait-il envoyé auprès de Macduff ?

LE SEIGNEUR. — Qui, et Macduff ; a congédié avec un absolu « non pas moi, Monsieur, » le messager qui s’en est retourné le front assombri et murmurant quelque chose qui voulait dire : « vous vous repentirez de l’heure où vous m’avez chargé de cette réponse embarrassante. »

LENNOX. — Et il y avait bien là de quoi l’engager à être prudent, et à se tenir à aussi lointaine distance que sa sagesse peut lui en donner moyen. Puisse quelque saint ange voler à la cour d’Angleterre, et exposer son message avant qu’il soit arrivé, afin que la bénédiction du ciel retourne bien vite dans notre contrée qui : souffre sous une main maudite !

LE SEIGNEUR. — J’envoie mes prières avec lui ! (Ils sortent.)