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MACBETH. — Vous savez tous deux que Banquo fut votre ennemi ?

SECOND MEURTRIER. — Oui, Monseigneur.

MACBETH. — Il est aussi le mien, et un ennemi qui me louche de si près que chaque minute de son existence menace ce que ma vie a de plus essentiel : bien que je puisse, par le simple exercice de mon pouvoir, le balayer de ma vue, et ordonner à ma volonté d’avouer cet acte, je ne le dois pas cependant, à cause de certains amis, qui sont à la fois les siens et les miens, dont je ne veux pas perdre l’affection, et avec lesquels il me faudra gémir sur la perte de celui que j’aurai renversé moi-même ; et voilà, comment il se fait que je sollicite votre assistance, parce que je veux cacher pour diverses raisons importantes cette affaire aux yeux du public.

SECOND MEURTRIER. — Nous exécuterons, Monseigneur, ce que vous nous commandez.

PREMIER MEURTRIER. — Quoique nos existences....

MACBETH. — Votre courage éclate au dehors de vous. D’ici à une heure au plus, je vous indiquerai où vous devez vous poster ; je vous informerai de l’heure précise où vous devez épier son arrivée ; car cela doit être fait ce soir, et à quelque distance du palais ; vous devez avoir. toujours en pensée que je dois être à l’abri de tout soupçon : en outre, afin de ne pas laisser de lacunes et d’imperfections dans cet ouvrage, il faut aussi que Fléance, son fils, qui lui tient compagnie, et dont la disparition ne m’importe pas moins que celle de son père, partage la destinée de cette heure sinistre. Prenez votre résolution seuls ensemble ; je viendrai vous retrouver tout à l’heure.

LES DEUX MEURTRIERS. — Nous sommes résolus, Monseigneur.

MACBETH. — Je vais vous faire appeler tout à l’heure ; restez dans le palais. (Sortent les meurtriers.) C’est une affaire conclue : — Banquo, si ton âme doit trouver le chemin du ciel, elle le trouvera ce soir. (Il sort.)