Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1871, tome 8.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

SCÈNE III.

Une salle dans le château.
Entre UN PORTIER. On entend frapper.

LE PORTIER. — En voilà un tapage, ma foi ! Si un homme était portier de la porte de l’enfer, il aurait longue habitude de tourner la clef. (On frappe.) Frappe, frappe, frappe ! Qui est là, au nom de Belzébuth ? — « C’est un fermier qui s’est pendu parce qu’il attendait l’abondance. » — Allons, entrez, homme qui comptiez sur le temps, et ayez sur vous une provision de mouchoirs ; ici vous suerez à la besogne. (On frappe.) Frappe, frappe ! Qui est là, au nom de l’autre diable ? — n Sur ma foi, c’est un faiseur d’équivoques, un de ces hommes qui peuvent jurer par les deux plateaux de la balance contre chacun des plateaux, un homme qui a commis une suffisante quantité de trahisons au nom de-Dieu, mais, qui toutefois n’a pu équivoquer avec le ciel. » — Oh, entrez, faiseur d’équivoques. (On frappe.) Frappe, frappe, frappe ! Qui est là ? — « C’est ma foi un tailleur anglais qui vient ici pour avoir réussi à voler sur l’étoffe d’un pourpoint français. » — Entrez, tailleur ; ici vous pourrez faire rôtir votre oie [2]. (On frappe.) Frappe, frappe ! jamais en repos ! Qui êtes-vous ? — Mais cette place est trop froide pour l’enfer. Je ne veux pas faire le rôle de portier du diable plus longtemps : je m’étais amusé à me supposer faisant entrer quelques hommes de toutes les professions qui vont au feu de joie éternel par le chemin garni de primevères. (On frappe.) Tout à l’heure ! tout à l’heure ! Je vous en prie, n’oubliez pas le portier. (Il ouvre la porte.) (a)

(a) Nous avons à peine besoin d’expliquer que le portier se joue à lui-même une petite scène de comédie populaire.