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voudrais avoir, ô puissant Glamis, la chose qui te crie : « c’est ainsi que tu dois agir, si tu veux m’avoir, » et cette chose, tu crains plus de la faire que tu ne souhaiterais qu’elle fût défaite, une fois faite. Arrive vite ici, afin que je puisse verser mon courage dans tes oreilles, et balayer par la vaillance de mes paroles tout ce qui te sépare du cercle d’or dont la destinée et un appui surnaturel semblent désirer de te voir couronné.

Entre UN SERVITEUR.

LADY MACBETH. — Quelles nouvel les apportez-vous ?

LE SERVITEUR. — Le roi vient ici ce soir.

LADY MACBETH. — Tu es fou de me dire cela ! Est-ce que ton maître n’est pas avec lui ? s’il en était comme tu le dis, il m’en aurait donné avis pour’que je pusse faire les préparatifs nécessaires.

LE SERVITEUR. — Cela est vrai, ne vous en déplaise : — notre thane arrive. Un de mes camarades a été dépêché en avant par lui, et cet homme, presque mort faute d’haleine, a eu à peine assez de souffle pour remplir son message.

LADY MACBETH. — Donne-lui ; des soins ; il apporte de grandes nouvelles. (Sort le serviteur.) Oui, le corbeau qui vient annoncer par ses croassements la fatale entrée : de Duncan sous mes créneaux est lui-même enroué [20]. Venez, esprits qui accompagnez les pensées de mort ; dépouillez-moi ici de mon sexe, et remplissez-moi, de la couronne de la tête à la pointe de l’orteil, de la plus implacable cruauté ! épaississez mon sang ; fermez accès et passage à la compassion, afin que nuls scrupuleux retours de la nature n’ébranlent mon atroce dessein, et n’établissent une, trêve entre lui et son exécution ! Entrez dans mes mamelles de femme, et servez-vous de mon lait comme de fiel, ministres du meurtre, où que vous soyez présidant au mal naturel sous vos formes invisibles ! Viens, épaisse nuit, et revêts-toi de la fumée d’enfer la plus foncée, afin que mon poignard perçant ne voie pas là bles-