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un gage de succès en réalisant une première prédiction ? je suis thane de Cawdor : — si elles sont bonnes, pourquoi est-ce que je cède à une suggestion dont l’horrible image fait dresser mes cheveux, et déplaçant mon cœur, l’envoie frapper contre ânes côtes en dépit des habitudes de la nature ? Les craintes qui ont un objet présent sont moindres que les horribles imaginations : ma pensée, chez qui le meurtre-est encore à l’état de chimère, ébranle à ce point ma faible humanité, que toutes les facultés de mon être sont étouffées par cette préoccupation, et que rien pour moi n’existe, : sauf ce qui n’existe pas.

BANQUO. — Voyez, comme notre compagnon est absorbé.

MACBETH, à part. — Si le hasard veut que je sois roi, eh bien ! le hasard peut me couronner sans que j’aie à faire un mouvement pour cela.

BANQUO. — Ses nouveaux honneurs le gênent, comme nous gênent.nos habits neufs qui ne se moulent sur le corps qu’avec J’aide de l’habitude.

MACBETH, à part. — Arrive ce qui pourra, le temps et l’occasion font chemin par le plus sombre jour.

BANQUO. — Noble Macbeth, nous attendons votre bon. plaisir.

MACBETH. — Je vous demande pardon : mon stupide cerveau était occupé à rechercher des choses oubliées. Obligeants gentilshommes, vos peines sont enregistrées sur un livre dont je tournerai chaque jour les feuillets pour les y lire. — Allons vers le roi. — (Apart, à Banquo.) Pensez à notre aventure, et à un autre moment lorsque le temps.nous aura permis de la peser exactement, ouvrons-nous.franchement nos cœurs l’an à l’autre.

BANQUO. — Bien volontiers,

MACBETH. — Jusqu’à ce moment, plus un mot de cela. — Marchons, amis. (Ils sortent.)