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et quant à être roi, cela m’est aussi difficile à croire que d’être thane de Cawdor. Dites-moi d’où vous tenez cette étrange information ? ou pourquoi, sur cette bruyère, battue de l’orage, vous arrêtez notre marche par ces félicitations prophétiques ? Parlez, je vous l’ordonne. (Elles s’évanouissent.)

BANQUO. — La terre a ses vapeurs comme l’eau, et ces êtres sont de cette nature : où se sont-elles évanouies ?

MACBETH. — Dans l’air, et ce qui semblait corporel s’est fondu comme l’haleine se fond dans le vent. — Oh ! que ne sont-elles restées !

BANQUO. — Y avait-il ici des êtres tels que ceux dont nous parlons ? ou avons-nous mangé de la racine de folie qui fait la raison prisonnière [15] ?

MACBETH. — Vos enfants seront rois.

BANQUO. — Et vous serez roi vous-même.

MACBETH. — Et thane de Cawdor aussi, — n’était-ce pas ce qu’elles disaient ?

BANQUO. — Le sens et les paroles mêmes. — Qui vient ici ?

Entrent ROSS et ANGUS.

ROSS. — Macbeth, le roi a reçu avec bonheur les nouvelles de ton succès : à mesure qu’il apprend tes prouesses personnelles dans le combat des rebelles, son étonnement qui le retire en lui-même lutte avec son’admiration qui s’élance vers toi : plongé dans le silence par cette lutle intime, il parcourt le reste du rapport de cette même journée, et voilà qu’il te Irouve encore au milieu des redoutables rangs norwégiens, sans crainte aucune des choses que tù faisais loi-même, c’est-à-dire de terribles portraitures de la mort. Les courriers ont succédé aux courriers en aussi peu de temps qu’il en fallait pour les compter ; et chacun d’eux a porté des éloges pour ta grande défense de son royaume, et les a répandus devant lui.

ANGUS. — Nous sommes envoyés pour te donner des remercîments, de la part de notre royal maître ; nous