Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1871, tome 8.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée

PREMIÈRE SORCIÈRE. — Tu es bonne.

TROISIÈME SORCIÈRE. — Et moi je t’en donnerai un autre.

PREMIÈRE SORCIÈRE. — J’ai moi-même tous les autres, et je connais tous les ports vers lesquels ils soufflent, tous les points de la carte marine qu’ils visitent. Je ils ferai devenir sec comme foin : ni jour, ni nuit, le sommeil ne planera au plafond de sa cabine ; il vivra comme un homme maudit : il languira, diminuera, s’affaissera, pendant un laps de sept nuits fatigantes, répétées neuf fois, à neuf reprises [12] : quoique sa barque ne puisse se perdre, elle sera cependant ballottée sans repos par la tempête. — Regardez ce que j’ai là.

SECONDE SORCIÈRE. — Montre-moi-ça, montre-moi ça.

PREMIÈRE SORCIÈRE. — C’est le pouce d’un pilote, naufragé comme il revenait dans ses foyers. (Bruit de tambours.)

TROISIÈME SORCIÈRE. — Un tambour ! un tambour ! Macbeth vient.

LES TROIS SORCIÈRES, ensemble.

Les fatales sœurs, la main dans la main,

Voyageuses sur terre et sur mer,

Tournent ainsi en rond, en rond :

Trois fois pour toi, trois fois pour mol,

Et encore trois fois.pour faire neuf :

Silence ! — le charme est maintenant formé.

Entrent MACBETH et BANQUO.

MACBETH. — Je n’ai jamais vu un jour à la fois si : hideux et si beau.

BANQUO. — Combien dit-on qu’il y a d’ici à Forres ? Quelles sont ces créatures si desséchées, et d’accoutrement si bizarre, qui ne paraissent pas des créatures habitant la terre, et qui cependant la foulent ? — Vivez-vous ? ou êtes-vous des êtres qu’un homme puisse questionner ? Vous semblez me comprendre, car toutes trois en même temps vous posez vos doigts osseux sur vos lèvres par-