Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1871, tome 8.djvu/407

Cette page n’a pas encore été corrigée

nombreuses années de notre vie, nous avions, fait une étude très-particulièrement approfondie de Macbeth. Nous demandons au lecteur la permission de placer quelques fragments de ce travail sous ses yeux, et nous : le prions de les accepter comme tenant lieu de l’analyse morale que nous consacrons à chacune des pièces du poêle. Encore aujourd’hui nous ne pourrions dire autrement, ni mieux que nous n’avons déjà dit.

Nous avions pris Macbeth comme occasion de montrer la profonde différence qui sépare le système dramatique de Shakespeare de celui de nos tragiques français. Nos tragiques ne cherchent dans les individus que l’homme général ; Shakespeare, au contraire, n’exprime l’homme général que par le moyen des individus. Shakespeare peint l’homme éternel par le moyen de l’homme du temps et de l’espace : : il ne rejoint, l’homme "moral qu’en traversant l’homme historique. Cette théorie une fois posée, nous analysions ainsi le caractère de Macbeth :

« Macbeth, ayant de représenter le type général de l’ambitieux triomphant et renversé du faite de la grandeur par les tempêtes vengeresses de la conscience, représente donc un homme du temps et de l’espace. C’est un barbare, féodal et un chef de clan écossais.

« Shakespeare n’est pas moins grand, à le bien lire, comme historien que comme poète, et il est aussi versé dans la science de l’ethnographie que dans la science du cœur humain. Les recherches lés plus minutieuses de là critique moderne ne peuvent nous en apprendre davantage sur les caractères écossais, Scandinave et italien qu’Hamlet, Macbeth, Roméo et Juliette, lus avec intelligence et sagacité. Ce Shakespeare ignorant et barbare, au dire de ses détracteurs, contrôlé et commenté par l’érudition la plus minutieuse, reste vainqueur sur le terrain de l’exactitude-historique. Chacun de ses personnages a non-seulement la physionomie de son caractère moral,