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faut borner ses recherches. Mais à laquelle de ces années faut-il s’arrêter ? Malone conjecturait que la pièce avait dû être écrite en 1606, et il fondait son hypothèse sur deux passages du soliloque du portier réveillé en sursaut par les coups de marteau de Macduff, le matin qui suit l’assassinat de puncan, Le premier de ces passages est celui-ci : « C’est sans doute un fermier qui s’est pendu pour avoir trop espéré l’abondance. » Il paraîtrait qu’en l’année 1606 le blé avait été d’un bon marché extraordinaire ; les fermiers avaient pu souffrir ainsi d’une disette de profits par suite de l’abondance des denrées. Le second passage est plus concluant : « C’est un équivoqueur qui était prêt à jurer pour et contre les deux plateaux de la balance ; il a commis suffisamment de trahisons pour l’amour de Dieu, cependant il n’a pu tromper le ciel par ses équivoques. » Ces paroles, selon Malone, seraient une allusion à la doctrine de l’équivoque reconnue par le célèbre jésuite Henri Garnet dans le procès du complot des poudres, qui est précisément de cette année 1606.

C’est dans Hollinsbed, qui avait tiré son récit de la chronique latine d’Hector Boëce sur l’histoire d’Écosse, que Shakespeare a trouvé les éléments de son admirable, drame. Comme le poêle a répété très-exactement le chroniqueur, nous n’avons à nous occuper de l’histoire à demi légendaire, à demi authentique de Macbeth que pour marquer les détails altérés ou inventés par le génie du grand dramaturge. Ces détails sont en petit nombre ; cependant quelques-uns sont fort ingénieux, et montrent avec quelle finesse Shakespeare savait user des matériaux qu’il employait.

Macbeth était fils de Sinell, thane de Glamis, et de Doada, sœur de Béatrix, mère de Duncan, qui régnait sur l’Écosse vers l’an 1030. Il était donc cousin germain du roi et très-près de la couronne, d’autant plus près que la loi écossaise portait que lorsque le roi mourait avant la majorité de ses fils, la couronne revenait à son plus proche