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3. Selon quelques historiens, Portia serait morte non avant mais après Brutus. Voici comment Plutarque résume les diverses traditions qui avaient cours sur cette mort. « Antoine renvoya les cendres de Brutus à Servilia, sa mère. Quant à Portia, femme de Brutus, Nicolas le philosophe et Valère Maxime rapportent que voulant mourir, mais détournée de ce dessein par ses amis qui s’y opposaient et la gardaient à vue, elle prit un jour au feu des charbons ardents, les avala, tint sa bouche complètement fermée et s’étouffa ainsi. Il existe cependant une lettre de Brutus, dans laquelle il adresse des reproches à ses amis et déplore le sort de Portia, qu’ils ont négligée et laissée se donner la mort pour la délivrer d’une maladie. Il semble donc que Nicolas ait commis un anachronisme ; car on voit et la maladie de Portia, et son amour pour son mari, et le moyen qu’elle employa pour se donner la mort, nettement exposés dans cette lettre si elle est vraiment de Brutus. (Plutarque, Vie de Brutus.)

4. C’était une ancienne croyance qu’à l’approche des spectres la lumière des flambeaux s’obscurcissait ou brûlait bleue.


ACTE V.


1. Cette scène où les généraux romains s’invectivent à la manière des guerriers grecs ou des barbares germains avant le combat et en tête de leurs armées, est la seule de cet admirable drame où Shakespeare n’ait pas observé la couleur de son sujet, et ait commis un véritable anachronisme moral.

2. Plutarque raconte en effet qu’on ne revit jamais Pindare et que plusieurs soupçonnèrent qu’il avait tué son maître sans en avoir reçu l’ordre. Ce qui le ferait croire, c’est qu’on trouva la tête séparée du tronc, ce qui semble indiquer un assassinat commis d’une manière cruelle plutôt qu’un meurtre par amour et par devoir. Cassius, un des plus détestables caractères de toute l’histoire, devait être en effet un maître fort dur, et il est probable que Pindare aura profité de l’absence de Titinius pour débarrasser l’univers de ce puissant malfaiteur qui l’avait sans doute fait rosser de coups plus d’une fois. La conscience de tout homme de bien aime à penser que cet odieux scélérat n’aura pas échappé à la justice divine, et qu’il aura payé son grand forfait en remettant sa vie néfaste au poignard de son esclave.

3. Ce Volumnius était un philosophe qui se trouvait dans le camp de Brutus. Il ne faut pas le confondre avec un autre Volumnius qui se trouvait parmi les prisonniers faits du côté de Cassius, et que le soir de la première journée de Philippes, Brutus laissa massacrer avec un bouffon du nom de Saculion, par suite d’un cruel malentendu.