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sommeil : « Au secours, holà ! ils assassinent César ! » — Quelqu’un ici, holà !


Entre un serviteur.

Le serviteur. — Mon Seigneur ?

César. — Allez ordonner aux prêtres de faire sur-le-champ un sacrifice, et revenez me dire s’ils en tirent d’heureux augures.

Le serviteur. — J’y vais, mon Seigneur. (Il sort.)


Entre CALPHURNIA.

Calphurnia. — Que prétendez-vous, César ? est-ce que vous avez l’intention de sortir ? Vous ne bougerez pas de votre maison aujourd’hui.

César. — César sortira : les choses qui m’ont menacé ne m’ont jamais regardé que par derrière ; dès qu’il leur faut voir la face de César, elles s’évanouissent.

Calphurnia. — César, je n’ai jamais tenu grand compte des présages, cependant maintenant ils m’effrayent. Il y a là-dedans quelqu’un qui, outre les choses que nous avons vues et entendues, fait le récit des spectacles singulièrement horribles qui ont été vus par les gardes. Une lionne a mis bas dans les rues ; les tombeaux se sont ouverts, et ont baillé leurs morts ; de furieux guerriers de feu qui combattaient dans les nuages, en rangs, en escadrons, et selon toutes les formes de la guerre, ont fait pleuvoir du sang sur le Capitole ; le bruit de la bataille retentissait dans l’air, les chevaux hennissaient, les mourants gémissaient ; des fantômes ont poussé à travers les rues des cris et des plaintes. Ô César, ces choses-là sont contre l’ordre habituel, et je les redoute !

César. — Lorsque les Dieux puissants se proposent un but, comment pouvons-nous l’éviter ? César sortira néanmoins, car ces prédictions regardent le monde en général aussi bien que César.

Calphurnia. — Lorsque les mendiants meurent, on ne voit pas de comètes ; mais les cieux s’enflamment d’eux-mêmes à la mort des princes6.