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Déplaisant misérable, fait pour habiter les montagnes et les cavernes sauvages où la politesse ne fut jamais enseignée, hors de mes yeux ! Ne sois pas offensé, mon cher Césario. Rustre, partez ! (Sortent Messire Tobie, Messire André et Fabien.) Je l’en prie, mon aimable ami, laisse-toi guider dans celle agression injuste et impolie contre ton repos par la belle sagesse et non par ton ressentiment. Viens avec moi à ma maison ; je t’y raconterai combien de sottes escapades ce malotru s’est ingénié à commettre, en sorte que cette dernière te fera sourire : tu ne peux te dispenser d’entrer ; ne me refuse pas. Maudite soit son âme ! en te mettant en arrêt, mon pauvre cœur est le gibier qu’il a fait lever.

Sébastien. — Qu’est-ce que cela signifie et de quel côté s’en va l’eau ? Ou je suis fou, ou bien c’est un rêve. Eh bien ! que l’imagination endorme mes sens dans ce Léthé ; si c’est là rêver, puisse-je toujours sommeiller !

Olivia. — Allons, viens, je t’en prie. Ah, si tu voulais te laisser gouverner par moi !

Sébastien. — Je le veux, Madame

Olivia — O dis cela et fais cela. (Ils sortent.)


Scène II

Un appartement dans la maison d’Olivia.
Entrent MARIA et LE BOUFFON.

Maria. — Allons, je t’en prie, mets cette robe et cette harbe ; fais-lui croire que tu es Messire Topas le curé ; fais cela bien vite ; je m’en vais aller avertir Messire Tobie pendant ce temps-là. (Elle sort.)

Le Bouffon. — C’est bon, je vais la mettre et me dissimuler moi-même sous ses plis ; plût au ciel que je fusse le premier qui ait dissimulé sous une telle robe. Je ne suis pas assez gras pour bien remplir cette fonction, ni assez maigre pour être pris pour un homme studieux ; mais il