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Viola, à Messire André. — Je vous en prie, Monieur, veuillez relever votre épée.

Messire André. — Parbleu, Monsieur, je le veux bien, et quant à ce que je vous ai promis, Je serai bon pour ma parole : il vous portera aisé’^ent et il obéit bien aux rênes.

Entrent Deux Officiers De Police.

Premier Officier. — Voici l’homme ; faites votre office.

Second Officier. — Antonio, je t’arrête à la requête du duc Orsino.

Antonio. — Vous me prenez pour un autre, Monsieur.

Premier Officier. — Non, Monsieur, pas le moins du monde ; je reconnais parfaitement votre visage, quoique vous n’avez pas maintenant de bonnet de marin sur la tête. Emmenez-le ; il sait que je le connais parfaitement.

Antonio — Je dois obéir. — (A Viola.) Cela m’arrive pour vous avoir cherché : mais il n’y a pas de remède ; il me faudra en répondre. Qu’allez-vous faire maintenant que la nécessité où je suis me force à vous réclamer ma bourse ? Je suis plus désolé de ce que je ne puis faire pour vous que de ce qui m’arrive. Vous voilà tout atterré ; mais ayez bon courage.

Second Officier. — Allons, Monsieur, partons.

Antonio. — Je suis obligé de vous demander un peu de cet argent.

Viola. — Quel argent, Monsieur ? En consédération de l’intérêt généreux que vous m’avez montré et aussi par compassion pour votre présente situation, je veux bien vous prêter quelque chose sur mes minces et maigres ressources : mon avoir n’est pas grand, mais je partagerai avec vous ma fortune actuelle : tenez, voici la moitié de mou coffre-fort.

Antonio. — Est-ce que vous allez me renier maintenant ? Est-il possible que les services que je vous ai rendus soient incapables de vous émouvoir ? N’irritez, pas mon malheur, si vous ne voulez pas que votre conduite fasse