Malvolio. — Après trois mois, de mariage ; bien assis dans mon fauteuil…
Messire Tobie. — Oh, une arbalète pour lui envoyer une pierre dans l’œil !
Malvolio. — Après m’être levé d’un canapé où j’ai laissé Olivia endormie, vêtu de ma robe de chambre à ramages, j’appelle mes serviteurs autour de moi….
Messire Tobie. — Feu et souffre !
Fabien. — O paix, paix !
Malvolio. — Alors prenant l’attitude qui convient à ma situation, après avoir fait exécuter à mes regards une grave promenade, pour leur donner à entendre que je connais ma place comme je désire qu’ils connaissent la leur, je fais appeler mon parent Tobie…
Messire Tobie. — Verroux et menottes !
Fabien. — Oh, paix, paix, paix ! écoutez, écoutez !
Malvolio. — Sept de mes gens, avec la soudaineté de l’obéissance, sortent pour le chercher : pendant ce temps-là je fronce le sourcil, ou peut-être je remonte ma montre, ou je joue avec quelque riche bijou. Tobie s’approche, s’incline devant moi….
Messire Tobie. — Est-ce que ce gaillard-là va continuer à vivre ?
Fabien. — Tenons-nous en paix, quoique nous soyons tirés à six chevaux pour rompre le silence !
Malvolio. — Je lui tends la main ainsi, éteignant mon sourire familier sous un austère regard de reproche….
Messire Tobie. — Et Tobie ne vous applique-t-il pas alors une claque sur les lèvres ?
Malvolio. — Et je lui dis : « Cousin Tobie, ma fortune m’ayant mis aux bras de votre nièce, passez-moi la liberté de mes paroles… »
Messire Tobie. — Quoi, quoi ?
Malvolio. — « 11 faut vous corriger de votre ivrognerie…. »
Messire Tobie. — A bas, galeux !
Fabien — Voyons, patience, ou nous allons casser les reins à notre plaisanterie.