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Messire Tobie. — Envoie chercher de l’argent, chevalier ; si tu n’obtiens pas ma nièce à la fin, dis que j’ai la queue coupée.

Messire André. — Si je ne le fais pas, ne me croyez jamais plus ; prenez la chose comme vous voudrez.

Messire Tobie. — Viens, viens ; je fais faire chauffer un peu de vin des Canaries ; il est trop tard pour aller au lit maintenant : viens, chevalier ; viens, chevalier.

(Ils sortent.)

Scène IV

Un appartement dans le palais du duc.
Entrent LE DUC, VIOLA, CURIO et autres.

Le Duc. — Donnez-moi un peu de musique. — Eh bonjour, mes amis. —Voyons, mon bon Césario, rien que ce morceau de chant, cette vieille, cette antique chanson que nous écoutions la nuit dernière ; il me semble qu’elle soulageait beaucoup plus ma passion que les rhythmes légers et les reprises de ces mélodies plus vives et plus fringantes. Allons, rien qu’un couplet.

Curio. — Plaise à Votre Seigneurie, celui qui pourrait la chanter n’est pas ici.

Le Duc. — Quel était-il ?

Curio. — Feste, le bouffon, Monseigneur, un fou qui amusait beaucoup le père d’Olivia : il est aux alentours du palais.

Le Duc. — Allez le chercher, et jouez l’air en attendant. (Sort Curio. — Musique.) Avance ici, enfant ; si jamais tu aimes, souviens-toi de moi dans les douces souffrances de l’amour : car tel je suis, tels sont tous les vrais amants ; changeants et capricieux dans tous les mouvements de leur âme, sauf dans la pensée constante de l’être aimé. Comment trouves-tu cet air ?

Viola. — II fait résonner un écho dans l’organe même qui sert de trône à l’amour.