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ACTE II, SCÈNE IV. 399

Entre LANCELOT, avec une lettre.

LORENZO. — Ami Lancelot, quelles nouvelles ?

LANCELOT.—S’il vous plaisait d’éventrer ce poulet, peut-être pourriez-vous les savoir.

LORENZO. — Je connais cette main ; c’est ma foi une belle main, et une belle main plus blanche que le papier sur lequel elle a écrit.

GRATIANO. — Pour sûr, des nouvelles d’amour ?

LANCELOT.—Avec votre jierniission, Monsieur

LORENZO. — Où vas-tu, maintenant ?

LANCELOT. — Parbleu, Monsieur, avertir mon vieux maître le Juif de venir souper ce soir avec mon nouveau maître le chrétien.

LORENZO. — Arrête un peu, prends ceci : dis à la charmante Jessica que je ne lui manquerai pas ; dis-lui cela en secret : va.

{Sort Lancelot.)

Messieurs, voulez-vous faire vos préparatifs pour la mascarade de ce soir ? je me suis pourvu d’un porteur de torche.

SALARINO. — Oui, parbleu, je vais m’en occuper de ce pas.

SOLANIO. — Et moi aussi.

LORENZO. — Venez nous retrouver, moi et Gratiano, au logementde Gratiano, d’ici à une heure.

SALARINO. — C’est ce qui vaut le mieux.

{Sortent Salarino et Solanio.)

GRATIANO. — Cette lettre n’était-elle pas de la belle Jessica ?

LORENZO. — Il faut nécessairement que je te dise tout. Elle m’informe de la manière dont je devrai l’enlever de la maison de son père ; elle m’apprend qu’elle s’est pourvue d’or, de joyaux, et s’est procuré un habit de page. Si jamais le Juif son père entre en paradis, ce ne sera qu’en considération de sa charmante fille, et si jamais la mauvaise fortune barrait la route à Jessica, elle ne pourrait faire valoir d’autre excuse que celle-ci : qu’elle