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168 LES GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

d’ime dame ! — et combien il est juste que je prenne la fuite pour me préserver d’une de ces unions impies que le ciel et la fortune ne manquent jamais de récompenser par toutes sortes de fléaux. Je te conjure, du plus profond d’un cœur aussi plein de chagrin que la mer est pleine de sable, de venir-avec moi et de "m’accorder la protection de ta compagnie ; sinon de cacher ce que je t’ai dit, afin que je puisse me risquer à partir seule.

ÉGLAMOUR. — Madame, je compatis profondément - à vos douleurs, et sachant combien vertueuse en est la cause, je consens à partir avec vous, car je me soucie aussi médiocrement de ce qui peut m’arriver, que je désire ardemment tout ce qui peut vous rendre heureuse. Quand partons-nous ?

SILVIA. —7 Ce soir, . .

ÉGLAMOUR. — Où nous rencontrerons-nous ?

SILVIA. —. À la cellule du père Patrick, où j’ai l’intention d’aller dévotement me confesser.

EGLAMOUR. — Je né ferai pas défaut à Votre Seigneurie. Adieu, charmante dame.

SÎLVÏA. — Adieu, bon messire Églamour.

(Eglamour sort et Silvia se retire de sa fenêtre.)

SCÈNE IV.

Toujours la cour du palais ducal.

Entre LANCE avec son chien.

LANCE.—Lorsqu’un maître a un domestique dont on peut dire qu’il se comporte avec lui comme un chien, voyez-vous, ça va mal. En voici un que j’ai pris tout petit, que j’ai sauvé de la noyade lorsqu’on portait à l’eau trois ou quatre de ses frères et sœurs encore aveugles. Je l’ai dressé avec un soin.... justement de manière à faire dire : « Voilà comment je voudrais dresser un chien. ■» Je suis envoyé pour le remettre comme un