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ACTE IV, SCÈNE III. 167

SCÈNE m.

Encore la cour du palais ducal.

Entre ÉGLAMOUR.

ÉGLAMOUR. — Voici l’heure où Madame Silvia m’a prié de venir prendre ses instructions. Elle a quelque affaire importante dans laquelle elle veut m’employer. Madame ! Madame !

SILVIA reparaît à sa fenêtre.

SILVIA. — Qui m’appelle ?

ÉGLAMOUR. — Votre serviteur et votre ami, qui attend les ordres de Votre Seigneurie.

SILVIA. — Messire Églamour, mule bonjours.

ÉGLAMOUR. — Je vous en souhaite autant à vous-même, noble dame. Conformément aux ordres de Votre Seigneurie, me voici venu de grand matin pjour savoir quel service votre bon plaisir désire m’ordonner.

SILVIA. — O Églamour, tu es un gentilhomme — ne crois pas que je te flatte, je te jure que telle n’est pas mon intention— vaillant, sage, compatissant, accompli, en un mot. Tu n’ignores pas quel affectueux bon vouloir je portais à Valentin, le proscrit, ni comment mon père voudrait me forcer à épouser le vaniteux Thurio, que j’abhorre de toute mon âme. Toi-même, tu as aimé, et je t’ai entendu dire que le chagrin ne pénétra jamais aussi avant dans ton cœur que le jour où mourut ta dame, ton véridique amour, sur la tombe de laquelle tu fis vœu de parfaite chasteté. Messire Églamour, je voudrais rejoindre Valentin à Mantoue, où j’apprends qu’il s’est retiré, et comme les routes sont dangereuses, je désire ta respectable compagnie, ayant pleine confiance dans ta foi et dans ton honneur. Ne m’objecte pas la colère de mon père, Églamour, mais pense à ma douleur, — la douleur