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160 LES GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

SECOND BANDIT. — Où allez-vous ?

VALENTIN. — A Vérone.

PREMIER BANDIT. — D’où venez-vous ?

VALENTIN. — De Milan.

TROISIÈME BANDIT.—Y avez-vous séjourné longtemps ?

VALENTIN. — Seize m’ois environ, et j’y serais resté bien davantage, si je n’avais été traversé par la fortune aux voies perverses.

PREMIER BANDIT. — Quoi ! vous avez été banni de Milan ?

VALENTIN. — Oui.

SECOND BANDIT. — Pour quel délit ?

VALENTIN. — Pour un délit qu’il me coûte beaucoup maintenant de rappeler. J’ai tué un homme dont la mort me cause de grands repentirs, bien que je l’aie défait bravement en duel, sans avantage déloyal ou basse trahison.

PREMIER BANDIT. — Rah ! ne vous en repentez jamais, si les choses se sont passées ainsi. Mais est-ce pour une aussi petite faute que vous avez été banni ?

VALENTIN. — Pour cela même, et je me suis tenu pour fort heureux d’en être quitte pour la peine de l’exil.

SECOND BANDIT. —-Possédez-vous les.langues ?

VALENTIN. — Ma jeunesse voyageuse m’a fort heureusement pourvu de cette instruction, sans quoi je me fusse trouvé souvent fort embarrassé.

TROISIÈME BANDIT. — Par la tonsure du gros chapelain de Robin Hood 1, ce compagnon serait un roi excellent pour notre bande aventureuse.

PREMIER BANDIT. — Nous l’aurons. — Messieurs, un mot.

SPEED. — Maître, entrez dans leur bande : c’est une honorable espèce de voleurs.

VALENTIN. — Paix, faquin !

SECOND BANDIT. — Répondez à cette question : Avez-vous quelque appui sur lequel vous puissiez compter ?

VALENTIN. — Rien, que les chances de ma fortune.

TROISIÈME BANDIT. — Sachez alors que quelques-uns d’entre nous sont des gentilshommes que la fougue d’une