Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 1.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

SPEED. — Moi !

LANCE. — Mais oui, toi-même. Qui diable es-tu donc? Il en a attendu de plus huppés que toi.

SPEED. — Et je dois aller le rejoindre.

LANCE. — Aller ! courir plutôt, car tu es resté si longtemps qu'aller tout simplement ne te suffira pas.

SPEED. — Que ne le disais-tu plus tôt? La peste soit de tes lettres d'amour! (Il sort.)

LANCE. — Il va être fouaillé d'importance pour avoir lu ma lettre. Un goujat sans mamères qui se fourre dans les secrets d autrui! Je vais le suivre ; cela me divertira de lui voir appliquer une correction. (Il sort.)

SCENE II
Milan. — Un appartement dans le palais du duc.
Entrent LE DUC et THURIO.

LE DUC. — Maintenant que Valentin est banni de sa vue, ne doutez pas, messire Thurio, qu'elle ne finisse par vous aimer.

THURIO. — Depuis son exil, elle n'a fait que me mépriser encore davantage, fuir ma compagnie, me prodiguer ses railleries ; si bien que je désespère complêtement de me la rendre favorable.

LE DUC. — Cette faible impression d'amour est une figure découpée dans la glace ; une heure de chaleur lui fait perdre sa forme et la dissout en eau. Quelques jours suffiront pour fondre la glace de ses dispositions et pour effacer le souvenir de l'indigne Valentin.

Entre PROTÉE.

LE DUC. — Eh bien, messire Protée, votre compatriote a-t-il obéi, en s'éloignant, à notre ordonnance ?

PROTÉE. — Il est parti, mon bon seigneur.