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à l'objet de ses amours lui-même à écrire à son amant. » Tout ce que je récite là est textuel, car c'est dans un texte imprimé que je l'ai trouvé. Mais à quoi rêvez-vous, Monsieur? II est l'heure du dîner.

VALENTIN. — J'ai dîné.

SPEED. — Parfait; mais écoutez, Monsieur : quoique le caméléon Amour puisse se nourrir d'air, moi je me nourris de viandes et je mangerais volontiers un morceau. Oh ! ne soyez pas comme votre maîtresse ; laissez-vous attendrir, laissez-vous attendrir ! (Ils sortent.)

SCENE II
Vérone. — Le jardin de la maison de Julia.
Entrent PROTÉE et JULIA.

PROTÉE. — Prenez patience, ma charmante Julia.

JULIA. — 11 le faut bien, lorsqu'il n'y a pas de remède.

PROTÉE. — Aussitôt qu'il me sera possible, j'effectuerai mon retour.

JULIA. — Si votre cœur ne tourne pas, votre retour sera bien plus prompt. Gardez ce souvenir pour l'amour de Julia. (Elle lui donne un anneau.)

PROTÉE. — Allons, nous allons faire un échange, prenez celui-ci. (Il lui donne à son tour un anneau.)

JULIA. — Et scellons ce contrat d'un baiser sacré.

PROTÉE. — Voici ma main comme promesse de ma loyale constance, et si jamais il arrive qu'une heure dans la journée me surprenne à ne pas soupirer pour l'amour de toi, Julia, puisse l'heure suivante m'apporter quelque événement malheureux en punition de cet oubli de mon amour ! Mon père m'attend; ne me réponds plus. Voici l'heure de la marée, une tout autre marée que relie de tes larmes, cette marée qui me retiendrait plus longtemps que je ne dois. Julia, adieu ! (Julia sort.) Quoi ! partie sans me dire une parole ? Oui, le véritable amour