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EXTRAIT DES ŒUVRES ITALIENNES DU BANDEL.

d’Allemagne, il devint malade en Lombardie, dont mort s’ensuivit, et ainsi Paul s’en revint à son pays chargé des hardes et dépouilles de son Tudesque. Arrivé qu’il est à Gièse, se retira de prime arrivée à l’hôtellerie, puis se mit par ville pour entendre nouvelle de son père. Mais comme de fortune il passait par devant le logis de Catelle, elle, pensant que ce fût son Romule, vu que (comme j’ai dit) Paul et Nicole se rapportaient du tout de visage, et pour lors ce nouveau venu était habillé de blanc tout ainsi que le page de Lactance, elle donc, trompée par ce rapport, le fait appeler par sa chambrière. Lui étonné de cette aventure ne fut si peu accort, que s’oyant nommer Romule, ne pensât aussi tôt qu’on le prenait pour un autre, mais qu’il saurait qui était cette dame qui le demandait, et suivrait sa bonne fortune. Or comme il approchait la porte du logis pour entrer, la chambrière vit venir le seigneur Lanzetti, et pour ce elle dit au jeune homme :

— Romule, passe pour cette heure chemin, car voici le père de Catelle qui vient.

Ce que le bon garçon fit, marquant toutefois le logis pour y passer à meilleure saison et plus opportune, et cependant arriva le vieillard, sans être aperçu de rien qui se fût passé, comme celui qu’on aurait vu de loin, et qui marchait à pas de tortue. C’est ici qu’entrevient la concurrence de tous les troubles de la farce : car Paul ayant vu Catelle en fenêtre la désira soudain comme la trouvant fort belle à son poste, et pour ce bientôt après se délibéra de ne point laisser écouler cette occasion, et perdre une si bonne rencontre : par ainsi s’en retourna vers le logis bien remarqué de Lanzetti, lequel était sorti pour se promener par la ville. Lui étant sur la poursuite, voici Ambroise retournant de Rome, encore étant à cheval, qui le rencontre, auquel Gérard Lanzetti