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APPENDICE.

clave, ainsi qu’il le voyait être à présent. N’oublia lui réciter comme Nicole l’avait depuis sollicité par lettres et messages, sans qu’il en eût tenu compte, étant vivement épris de cette seconde.

— Ah ! monsieur, dit lors Romule (à qui le fait touchait), ce n’est que la justice de Dieu qui vous poursuit, vous rendant le contre-change selon votre mérite, car étant aimé d’une telle perfection que vous dites, ç’a été mal avisé à vous (pardonnez-moi si je parle trop hardiment à vous) de la laisser sitôt pour faire nouvelle partie : aussi le plus bel expédient est d’aimer ceux qui vous veulent bien, et ne vous amuser point follement après celles qui vous fuient. Et que savez-vous si cette pauvre fille languit encore pour l’amour de vous et est en détresse ? Car j’ai entendu dire que les filles en leurs premières appréhensions aiment d’une véhémence tout autre, et plus grande que ne font les hommes, et que mal-aisément on éteint cette flamme ainsi vivement éprise, ayant trouvé sujet non occupé en autre chose.

Lactance prenait plaisir, oyant les discours de son page, et n’eût été que Nicole lui paraissait plus grande ayant son accoutrement de femme, il eût pensé de Romule la vérité du changement : mais perdant tout aussitôt cette opinion, il le pria de retourner encore un coup vers Catelle pour la convertir à avoir pitié de lui, et l’assurer de sa constance et loyauté ; et comme il protestait de n’avoir son cœur engagé ailleurs qu’à elle seule de qui dépendait son heur et sa vie. Mais durant ceci survinrent d’autres succès, qui nous feront diversifier l’histoire pour lui donner la fin comique, afin que toujours nous ne soyons sur les misères, peines, ennuis, douleurs et massacres. Vous avez ouï dès le commencement qu’Ambroise avait un fils, lequel fut pris par un Allemand qui l’emmena à Naples, puis prenant la route