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INTRODUCTION.

de celui-ci le nom de Ménechme que portait l’enfant disparu, et, ayant atteint l’âge d’homme, s’est mis à la recherche de son frère. En vain durant six longues années a-t-il parcouru le monde connu ; en vain a-t-il fouillé l’Espagne, la colonie massilienne, l’Istrie, l’Illyrie, la Grèce exotique, toutes les côtes d’Italie : il n’a pu retrouver son pareil. Enfin un vent propice pousse sa voile vers la ville même où s’est établi ce cher frère. — C’est à ce moment que l’action commence. Nous sommes à Épidamnum, devant la maison de Ménechme le citoyen, et voici le parasite Peniculus qui arrive pour y chercher pitance. À l’instant même où Peniculus va frapper à la porte, Ménechme sort de chez lui, apostrophant et injuriant sa femme, à laquelle il reproche de lui demander compte de toutes ses actions. Ce mari peu courtois rumine une bonne vengeance : il va de ce pas dîner chez la courtisane Erotium, à qui il fera cadeau d’un splendide manteau soustrait par lui à la garde-robe de sa femme. Peniculus, ayant surpris ce secret, offre sournoisement à Ménechme de l’accompagner, et Ménechme, craignant d’être dénoncé, est contraint d’inviter ce confident importun. Tous deux donc se présentent chez Erotium : la courtisane les reçoit fort bien, prend le beau cadeau, et ne demande que le temps de faire préparer un bon dîner. Pendant que le cuisinier Cylindrus fait ses provisions, Ménechme se rend au forum, où l’appelle une affaire importante, toujours accompagné du parasite qui le suit comme son ombre. Mais à peine a-t-il disparu que survient l’autre Ménechme, Ménechme de Syracuse, tout nouvellement débarqué à Épidamnum, en compagnie de son esclave Messenio. Dès lors commence la série des méprises. Erotium, croyant reconnaître son Ménechme, invite le voyageur au festin préparé. Le nouveau venu mange du meilleur appétit le dîner de son frère, et sort