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APPENDICE.

— Quelles nouvelles, maître docteur ? répliqua Lionel en éclatant de rire ; ma foi je l’ai échappé belle. Je suis allé à la maison de campagne où j’avais rendez-vous ; mais je n’étais pas plutôt dans la chambre que le magique coquin, son mari, a investi la maison avec des piques et des bâtons, et, pour être bien sûr qu’aucun recoin ne pût m’abriter, il a mis le feu à la maison, qui a brûlé jusqu’aux fondements.

— Bah ! fit Mutio, et comment avez-vous échappé ?

— Vive l’esprit des femmes ! s’écria Lionel. Sa femme m’a caché dans un vieux coffre plein de papiers qu’elle savait que son mari n’oserait brûler, et c’est ainsi que j’ai été sauvé et ramené à Pise, et hier soir j’ai été délivré par la servante.

— Voilà bien, dit Mutio, la plus amusante plaisanterie que j’aie jamais entendue ; et sur ce, j’ai une requête à vous adresser. Je suis ce soir prié à souper ; je vous présenterai comme convive ; la seule faveur que je vous demande, c’est de vouloir bien après le souper faire le divertissant récit des succès que vous avez eus dans vos amours.

— Qu’à cela ne tienne !

Et sur ce, Mutio emmena Lionel chez sa belle-mère, annonça aux frères de sa femme qui il était et comme quoi il révélerait toute l’affaire après souper :

— Car, ajouta-t-il, il ne sait pas que je suis le mari de Margaretta.

Alors tous les frères firent à Lionel le meilleur accueil, ainsi que la belle-mère ; et quant à Margaretta, elle fut tenue à l’écart. L’heure du souper étant venue, on se mit à table, et Mutio but à la santé de Lionel de l’air le plus aimable, afin de le mettre en belle humeur et de l’entraîner à faire la révélation complète de ses aventures d’amour. Le souper étant terminé, Mutio pria Lionel de