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APPENDICE.

servante et un valet. On arrive à la maison de campagne. Mutio y déjeune, fait ses adieux et part dans la direction de Vicence. Après avoir chevauché un peu de temps, il revint par un chemin de traverse dans un bois où il se posta en embuscade avec une troupe de paysans pour surprendre le jeune homme.

Dans l’après-midi Lionel arriva au galop ; dès qu’il fut en vue de la maison, il renvoya son cheval par son page, et chemina à pied sans encombre ; il fut reçu à l’entrée par Margaretta, qui le fit monter et l’installa dans sa chambre à coucher, lui disant qu’il était le bienvenu dans cet humble cottage.

— Cette fois, ajouta-t-elle, j’espère que la fortune ne contrariera pas la pureté de nos amours.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! madame, cria la servante, voilà mon maître qui arrive avec cent hommes armés de piques et de bâtons.

— Nous sommes trahis, fit Lionel, je suis un homme mort.

— Ne craignez rien, dit-elle, suivez-moi.

Et sur-le-champ elle l’emmena dans un parloir en bas, où se trouvait un vieux coffre vermoulu, plein de manuscrits. Elle le mit là-dedans, le couvrit de vieux papiers et de parchemins, et s’en revint à la porte au-devant de son mari.

— Eh bien, signor Mutio, fit-elle, que signifie tout ce remue-ménage ?

— Vile et éhontée gourgandine, tu vas le savoir. Où est ton amant ? Nous l’avons tous guetté et vu entrer ici. Cette fois, il n’y a pas de coffre à plumes ni de plancher qui tienne ; car où il périra par le feu, ou il tombera entre nos mains.

— Fais à ta guise, jaloux imbécile, dit-elle, je ne te demande pas de faveur.