d’eau et les proportions faisaient pitié ; — et il a donné un si terrible abordage — au plus noble bâtiment de notre flotte — que l’envie même et la voix de la défaite — criaient : Honneur et gloire à lui !… De quoi s’agit-il ?
— Orsino, voici cet Antonio — qui enleva de Candie le Phénix et sa cargaison ; — voici celui qui attaqua le Tigre à cet abordage — où votre jeune neveu Titus perdit la jambe ; — ici, dans les rues, où l’égarait une impudence désespérée, — au milieu d’une querelle particulière, nous l’avons arrêté.
— Il m’a rendu service, seigneur, il a tiré l’épée pour ma défense ; — mais, à la fin, il m’a adressé d’étranges paroles, — je ne sais plus quelles folies !
— Insigne pirate ! Écumeur d’eau salée ! — Quelle folle hardiesse t’a donc livré à la merci de ceux — qu’à des conditions si sanglantes et si rigoureuses — tu as faits tes ennemis ?
Orsino, noble seigneur, — permettez que je repousse les noms que vous me donnez ; — jamais Antonio ne fut ni un écumeur ni un pirate, — quoiqu’il soit, pour des motifs suffisants, j’en conviens, — l’ennemi d’Orsino. Un sortilège m’a attiré ici : — ce garçon, ingrat entre tous, que voilà, à votre côté, — je l’ai arraché à la bouche enragée et écumante — de la rude mer. Il n’était plus qu’une épave désespérée ; — je lui donnai la vie, et, avec la vie, — mon affection, sans réserve, sans restriction, — mon dévouement absolu. Pour lui, — par pure amitié, je me suis exposé — aux dangers de cette ville ennemie ; — j’ai tiré l’épée pour le défendre quand il était attaqué ; — j’ai été arrêté, et c’est alors qu’inspiré par une lâche dissimula-