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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

olivia.

— J’en ai trop dit à un cœur de pierre, — et j’ai trop imprudemment exposé mon honneur. — Il y a en moi quelque chose qui me reproche ma faute ; — mais c’est une faute si puissamment opiniâtre — qu’elle brave les reproches.

viola.

— Tous les caractères de votre passion, — l’affection de mon maître les a.

olivia.

— Tenez, portez ce joyau en souvenir de moi ; c’est mon portrait ; — ne le refusez pas, il n’a pas de voix pour vous importuner. — Et, je vous en conjure, revenez demain. — Sollicitez de moi ce que vous voudrez, je ne vous refuserai rien — de ce que l’honneur peut sans danger accorder à une sollicitation.

viola.

— Je ne sollicite que ceci, votre amour sincère pour mon maître.

olivia.

— Comment puis-je lui donner, en honneur, ce — que je vous ai donné ?

viola.

Je vous absoudrai.

olivia.

— Eh bien, reviens demain. Adieu. — Un démon comme toi serait capable d’emporter mon âme en enfer.

Elle sort.
Rentrent sir Tobie Belch et Fabien.
sir tobie, à Viola.

Gentilhomme, Dieu te garde !

viola.

Et vous aussi, monsieur !