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SCÈNE XIII.

long voyage, — c’était surtout l’inquiétude de ce qui pouvait vous arriver en route, — dans ce pays qui vous est inconnu et qui, pour un étranger — sans guide et sans ami, est souvent — âpre et inhospitalier. Un empressement affecteux, — surexcité par ces motifs de crainte, — m’a lancé à votre poursuite.

sébastien.

Mon bon Antonio, — je ne puis vous répondre que par des remercîments, — et des remercîments, et toujours des remercîments : trop souvent de grands services — se paient avec cette monnaie qui n’a pas cours ; — mais, si mes ressources étaient aussi solides que l’est ma conscience, — vous seriez mieux récompensé. Que ferons-nous ? — Irons-nous voir les reliques de cette ville ?

antonio.

— Demain, monsieur : mieux vaut aviser d’abord à votre logement.

sébastien.

— Je ne suis pas fatigué, et la nuit est encore loin : — je vous en prie, satisfaisons nos yeux — par la vue des monuments et des choses remarquables — qui illustrent cette ville.

antonio.

Veuillez alors m’excuser. — Je ne puis, sans danger, me promener dans ces rues. — Une fois, dans un combat naval contre les galères du comte, — j’ai rendu quelques services, et tellement signalés — que, si j’étais pris ici, on m’en saurait peu de gré.

sébastien.

— Vous avez probablement tué un grand nombre de ses gens.

antonio.

— L’offense n’est pas aussi sanglante ; — bien que les