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SCÈNE XI.

SCÈNE XI.
[Le jardin d’Olivia.]
Entrent Viola et Feste, tenant un tambourin.
viola.

Dieu te garde, l’ami, ainsi que ta musique. Vis-tu en touchant du tambourin ?

feste.

Non, monsieur, je vis comme quelqu’un qui touche à l’Église.

viola.

Es-tu donc homme d’Église ?

feste.

Nullement, monsieur ; je touche à l’église, car je demeure chez moi, et ma maison est tout près de l’église.

viola.

Ainsi tu peux dire que le roi touche à un mendiant, si un mendiant demeure près de lui ; ou que l’église touche à ton tambourin, si ton tambourin est contre l’église.

feste.

Vous l’avez dit, monsieur… Ce que c’est que ce siècle ! Une phrase n’est qu’un gant de chevreau pour un bel esprit ; comme on l’a vite retournée sens dessus dessous !

viola.

Oui, c’est certain ; ceux qui jouent trop subtilement sur les mots peuvent facilement les corrompre.

feste.

Alors je voudrais que ma sœur n’eût pas eu de nom, monsieur.

viola.

Pourquoi, l’ami ?

feste.

Parce que son nom est un mot, monsieur, et qu’en