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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

sir andré.

Si je ne puis obtenir votre nièce, je suis dans un rude embarras.

sir tobie.

Envoie chercher de l’argent, chevalier ; si tu ne finis pas par avoir ma nièce, appelle-moi rosse.

sir andré.

Si je m’y refuse, ne vous fiez plus à moi ; traitez-moi comme vous voudrez.

sir tobie.

Allons, viens ; je vais faire chauffer du vin ; il est trop tard pour aller au lit maintenant. Viens, chevalier ; viens, chevalier.

Ils sortent.

SCÈNE IX.
[Dans le palais ducal.]
Entrent le duc, Viola, Curio et d’autres.
le duc.

— Qu’on me donne de la musique !… Ah ! bonjour, amis. — Allons, bon Césario, rien qu’un morceau de chant, — ce chant vieux et antique que nous avons entendu la nuit dernière : — il m’a semblé qu’il soulageait ma passion beaucoup — plus que tous ces airs légers et tous ces fredons rebattus — à la mesure brusque et saillante. — Allons, rien qu’un couplet.

curio.

N’en déplaise à Votre Seigneurie, celui qui pourrait le chanter n’est pas ici.

le duc.

Qui était-ce donc ?

curio.

Feste, le bouffon, milord ; un fou qu’aimait fort le père