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SCÈNE V.

feste.

Je dois pour ça vous interroger comme au catéchisme, madone. Ma bonne petite souris de vertu, répondez-moi.

olivia.

Soit, monsieur, à défaut d’autre passe-temps, j’affronterai votre preuve.

feste.

Bonne madone, pourquoi es-tu désolée ?

olivia.

Bon fou, à cause de la mort de mon frère.

feste.

Son âme est en enfer, je pense, madone.

olivia.

Je sais que son âme est au ciel, fou.

feste.

Vous êtes donc bien folle, madone, de vous désoler de ce que l’âme de votre frère est au ciel… Qu’on l’emmène ; plus de folle ici, messieurs !

olivia.

Que pensez-vous de ce fou, Malvolio ? Est-ce qu’il ne s’amende pas ?

malvolio.

Si fait, et il s’amendera de la sorte jusqu’à ce que les affres de la mort le secouent. L’infirmité, qui ruine le sage, améliore toujours le fou.

feste.

Que Dieu vous envoie, monsieur, une prompte infirmité pour perfectionner votre folie ! Sir Tobie est prêt à jurer que je ne suis pas un renard ; mais il ne parierait pas deux sous que vous n’êtes pas un sot.

olivia.

Que dites-vous à ça, Malvolio ?