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SCÈNE XI.

égéon.

— Très-puissant duc, permettez-moi de dire un mot. — Je vois un ami qui peut-être me sauvera la vie, — en payant la somme nécessaire à ma délivrance.

le duc.

— Parle, explique-toi librement, Syracusain.

égéon.

— Monsieur, ne vous appelez-vous pas Antipholus ? — Et n’est-ce pas là Dromion, l’homme attaché à votre service ?

dromion d’éphèse.

— Il n’y a pas une heure, j’étais un homme attaché à son service, monsieur ; — mais, je lui en rends grâces, il a coupé en deux mes liens avec ses dents ; — et maintenant je suis Dromion, encore à son service, mais détaché.

égéon.

— Je suis sûr que tous deux vous vous souvenez de moi.

dromion d’éphèse.

— C’est de nous-mêmes, monsieur, que vous nous faites souvenir ; — car naguère nous étions garrottés, comme vous l’êtes maintenant. — Seriez-vous par hasard, monsieur, un des patients de Pinch ?

égéon, à Antipholus.

— Pourquoi me regardez-vous comme un étranger ? Vous me reconnaissez bien ?

antipholus d’éphèse.

— Je ne vous ai jamais vu de ma vie jusqu’à présent.

égéon.

— Oh ! il faut que le chagrin m’ait bien changé, depuis que je ne vous ai vu ; — il faut que les heures de souffrance aient, avec la main destructive du temps, — tracé sur mon visage des traits bien étranges. — Mais pour-