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SCÈNE XI.

Entrent Adriana, Luciana, la Courtisane et d’autres.
adriana.

— Arrêtez ! ne lui faites pas de mal, au nom du ciel ! il est fou. — Emparez-vous de lui, vous autres, enlevez-lui son épée ; — liez aussi Dromion, et emmenez-les chez moi.

dromion de syracuse.

— Courons, maître, courons ; au nom du ciel, sauvons-nous dans quelque maison. — Voici un prieuré… Entrons, ou nous sommes perdus.

Antipholus et Dromion se réfugient dans le prieuré.
Entre l’Abbesse.
l’abbesse.

— Restez tranquilles, bonne gens ! pourquoi vous pressez-vous ainsi devant cette demeure ?

adriana.

— Pour y chercher mon pauvre mari en démence ; — laissez-nous entrer, que nous puissions l’attacher, — et le ramener à la maison pour le soigner.

angelo.

— Je savais qu’il n’avait pas sa parfaite raison.

le marchand.

— Je suis fâché à présent d’avoir tiré l’épée contre lui.

l’abbesse.

— Depuis quand cet homme est-il ainsi possédé ?

adriana.

— Toute cette semaine il a été mélancolique, morose, triste, — et bien différent de ce qu’il était ; — mais, avant cette après-midi, son égarement — n’avait pas été porté à cet excès de frénésie.

l’abbesse.

— N’a-t-il pas fait quelque perte considérable par un naufrage en mer, — enterré quelque ami cher ? Ses yeux — n’ont-ils pas égaré son cœur dans quelque amour illégi-