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LA COMÉDIE DES ERREURS.

la courtisane.

— Donnez-moi la bague que vous avez eue de moi à dîner, — ou la chaîne que vous m’avez promise en échange de mon diamant, — et je partirai, monsieur, sans plus vous importuner.

dromion de syracuse.

— Il y a des diables qui ne demandent que la rognure d’un ongle, — un fétu, un cheveu, une goutte de sang, une épingle, — une noix, un noyau de cerise ; mais elle, plus avide, — voudrait une chaîne d’or. — Maître, faites attention : si vous la lui donnez, — le diable secouera sa chaîne et nous en épouvantera.

la courtisane.

— Je vous en prie, monsieur, ma bague ou la chaîne ! — Vous n’avez pas, j’espère, l’intention de me voler ainsi.

antipholus de syracuse.

— Arrière, sorcière ! Allons, Dromion, partons !

dromion de syracuse.

— Fi de l’orgueil ! dit le paon : vous savez ça, madame.

Sortent Antipholus de Syracuse et Dromion de Syracuse.
la courtisane.

— Sans nul doute Antipholus est fou ; — sans quoi il ne se comporterait pas ainsi. — Il a de moi une bague valant quarante ducats ; — il m’a promis en retour une chaîne ; — et maintenant il ne veut me donner ni l’une ni l’autre. — Ce qui me fait conclure qu’il est fou — (outre la preuve qu’il vient d’en donner), — c’est le conte extravagant qu’il m’a fait aujourd’hui à dîner, — en prétendant qu’on lui avait fermé sa propre porte ! — Il est possible que sa femme, informée de ses accès, — lui ait effectivement refusé l’entrée. — Maintenant, il ne me reste qu’à courir chez lui, — et à dire à sa femme que, dans une ses lunes, — il est entré brusquement chez moi, et m’a en-