Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
SCÈNE VIII.

prendrai à vos oreilles à m’écouter avec plus d’attention. — Maraud, cours vite chez Adriana, — donne-lui cette clef, et dis-lui que, dans le bureau — qui est couvert d’un tapis turc, — il y a une bourse de ducats ; qu’elle me l’envoie : — dis-lui que j’ai été arrêté dans la rue, — et que ce sera ma caution. Cours, maraud : pars… — En avant, l’officier ! En prison jusqu’à ce qu’il revienne.

Sortent le marchand, Angelo, Antipholus d’Éphèse et l’officier.
dromion de syracuse.

— Chez Adriana ! C’est là que nous avons dîné, — là que cette Douzabelle m’a réclamé pour son mari : — elle est trop grosse, j’espère, pour que je puisse l’embrasser. — Il faut que j’y retourne bien malgré moi ; — car il faut que les serviteurs fassent la volonté de leur maître.

Il sort.

SCÈNE VIII.
[La maison d’Antipholus d’Éphèse].]
Entrent Adriana et Luciana.
adriana.

— Ah ! Luciana ! il t’a pressée ainsi ! — As-tu pu voir distinctement à son air — s’il parlait sérieusement, oui ou non ? — Sa figure était-elle rouge ou pâle, grave ou gaie ? — Pouvais-tu observer sur son visage — les émotions de son cœur, comme des météores en lutte ?

luciana.

— Et d’abord il a nié que vous eussiez aucun droit sur lui.

adriana.

— Il a voulu dire qu’il ne m’en accordait aucun, offense bien plus grande !

luciana.

— Puis il a juré qu’il était ici un étranger.