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LA COMÉDIE DES ERREURS.

dromion de syracuse.

Eh bien, pour deux certaines raisons.

antipholus de syracuse.

Dis-les.

dromion de syracuse.

La première, c’est qu’il économise l’argent qu’il dépenserait en frisure ; la seconde, c’est qu’il ne craint pas qu’à dîner ses cheveux tombent dans sa soupe.

antipholus de syracuse.

Vous avez voulu tout ce temps prouver qu’il n’y a pas temps pour tout.

dromion de syracuse.

Eh bien, je l’ai prouvé, monsieur : il n’y a pas de temps pour recouvrer ses cheveux, quand on les a perdus.

antipholus de syracuse.

Mais vous ne démontrez pas par une raison solide pourquoi il n’y a pas de temps pour les recouvrer.

dromion de syracuse.

Voici comment je l’explique : le Temps lui-même est chauve, et conséquemment il voudra, jusqu’à la fin du monde, avoir un cortége de chauves.

antipholus de syracuse.

Je savais bien que ta conclusion serait chauve. Mais tout beau ! qui donc nous fait signe là-bas ?

Entrent Adriana et Luciana.
adriana.

— Oui, oui, Antipholus, prends un air indifférent, maussade même ; — tes tendres regards sont réservés à quelque maîtresse ; — je ne suis pas Adriana, je ne suis pas ta femme ! — Il fut un temps où volontiers tu jurais — qu’il n’était point de parole harmonieuse à ton oreille, — point d’objet agréable à ton regard, — point de contact doux à ta main, — point de mets assaisonné à ton