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LA COMÉDIE DES ERREURS.

plaisanteries. — Vous ne connaissez pas le Centaure  ! Vous n’avez pas reçu d’or ! — Votre maîtresse vous a envoyé me chercher pour dîner ! — Je demeure au Phénix  ! Étais-tu fou — de me faire des réponses aussi folles ?

dromion de syracuse.

— Quelles réponses, monsieur ? quand ai-je dit de pareilles paroles ?

antipholus de syracuse.

— À l’instant, ici même, il n’y a pas une demi-heure.

dromion de syracuse.

— Je ne vous ai pas vu depuis que vous m’avez renvoyé d’ici — au Centaure avec l’or que vous m’aviez remis.

antipholus de syracuse.

— Maraud, tu as nié avoir reçu cet or ; — et tu m’as parlé d’une maîtresse et d’un dîner, — sornettes qui m’ont fort déplu, tu l’as senti, j’espère.

dromion de syracuse.

— Je suis bien aise de vous voir dans cette joyeuse veine. — Que signifie cette plaisanterie ? dites-le-moi, maître, je vous en prie.

antipholus de syracuse.

— Oui-dà, tu railles, et tu me nargues en face ? — Crois-tu que je plaisante ? Tiens, attrape ça, et ça.

Il le frappe.
dromion de syracuse.

— Arrêtez, monsieur, au nom du ciel ; votre plaisanterie devient grave. — À quel propos me houspillez-vous ainsi ?

antipholus de syracuse.

— Parce que familièrement parfois — je vous prends pour mon bouffon et je cause avec vous, — votre impertinence se rit de ma bienveillance, — et en prend à son aise avec mes moments sérieux. — Quand le soleil brille, que les moucherons espiègles s’ébattent, soit ; — mais