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SCÈNE III.

adriana.

— Mais dis-moi, je te prie, revient-il à la maison ? — Il semble qu’il se préoccupe fort de plaire à sa femme !

dromion d’éphèse.

— Assurément, maîtresse, mon maître a des lunes.

adriana.

— Des lunes, maraud !

dromion d’éphèse.

— Je ne prétends pas dire qu’il porte cornes, comme le croissant ; — mais il est complètement lunatique. — Quand je l’ai prié de revenir dîner, — il m’a réclamé mille marcs d’or. — C’est l’heure de dîner, disais-je. Mon or ! disait-il. — La viande brûle, disais-je. Mon or ! disait-il. Allez-vous revenir ? disais-je. Mon or ! disait-il. — Où sont les mille marcs que je t’ai remis, maraud ?Le cochon est brûlé, disais-je. Mon or ! disait-il. — Monsieur, disais-je, ma maîtresse… Peste soit de ta maîtresse !Je ne connais pas ta maîtresse, au diable ta maîtresse !

luciana.

Qui disait ça ?

dromion d’èphèse.

Mon maître ! — Je ne connais, disait-il, ni maison, ni femme, ni maîtresse. — Si bien que le message dont devait être chargée ma langue, — grâce à lui, je le rapporte sur mes épaules ; — car, en conclusion, c’est là qu’il m’a battu.

adriana.

— Retourne, maraud, et ramène-le bellement.

dromion d’éphèse.

— Moi, retourner ! pour être battu de plus belle ! — Au nom du ciel, envoyez quelque autre messager.

adriana.

— Retourne, maroufle, ou je te fends la caboche en quatre.