Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
SCÈNE II.

antipholus de syracuse.

— Allons donc, messire drôle, cesse de batifoler, — et dis-moi ce que tu as fait de ce dont je t’ai chargé.

dromion d’éphèse.

— Je n’ai été chargé que d’une chose, c’est d’aller vous chercher au marché — et de vous ramener dîner chez vous, au Phénix, monsieur ; — ma maîtresse et sa sœur vous attendent.

antipholus de syracuse.

— Allons, répondez-moi, dites-moi — en quel lieu sûr vous avez déposé mon argent, — ou, foi de chrétien, je briserai cette tête folle — qui s’obstine au badinage quand je n’y suis pas disposé. — Où sont les mille marcs que tu as eus de moi ?

dromion d’éphèse.

— J’ai eu quelques marques de vous sur ma caboche, — quelques marques de ma maîtresse sur mes épaules, — mais le tout ne va pas à mille. — Si je les restituais à votre révérence, — peut-être ne les empocherait-elle pas patiemment.

antipholus de syracuse.

— Les marques de ta maîtresse ! Quelle maîtresse as-tu donc, maraud ?

dromion d’éphèse.

— Eh ! la femme de votre révérence, ma maîtresse, là-bas au Phénix, — qui jeûne en attendant que vous veniez dîner — et qui prie que vous accouriez pour dîner.

antipholus de syracuse.

— Quoi ! tu persistes à me narguer en face — malgré ma défense ! Tiens, attrape-ça, messire drôle.

Il le frappe.
dromion d’éphèse.

— Quelle idée avez-vous, monsieur ? Au nom du ciel, retenez vos mains. — Ah ! si vous ne le voulez pas, je vais jouer des talons.

Il s’enfuit.