Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
SCÈNE II.

quand je suis abattu par les soucis et la mélancolie, — allège mon humeur par ses propos joyeux. — Allons, voulez-vous faire un tour avec moi dans la ville, — et puis venir dîner avec moi à mon auberge ?

le marchand.

— Je suis invité, monsieur, chez certains marchands, — avec qui j’espère faire de gros bénéfices ; — je vous supplie de m’excuser. À cinq heures au plus tard, — si vous voulez, je vous rejoindrai au marché, — et ensuite je vous tiendrai compagnie jusqu’à l’heure du coucher. — Mes affaires m’éloignent de vous pour le moment.

antipholus de syracuse.

— Adieu jusque-là ! Je vais m’égarer, — et flâner en visitant la ville.

le marchand.

— Monsieur, je vous recommande à votre propre bonheur.

Il sort.
antipholus de syracuse.

— Celui qui me recommande à mon propre bonheur — me recommande à ce que je ne puis trouver. — Je suis en ce monde comme une goutte d’eau — qui cherche une autre goutte dans l’Océan ; — elle s’y laisse tomber pour y trouver sa pareille, — et, inaperçue, inquiète, s’y abîme : — ainsi moi, voulant trouver une mère et un frère, — malheureux je me perds à leur recherche.

Entre Dromion d’Éphése.

Voilà l’almanach véridique de mon existence. — Eh bien, par quel hasard es-tu sitôt revenu ?

dromion d’éphèse.

— Sitôt revenu ? dites donc arrivé si tard ! — Le chapon brûle, le cochon tombe de la broche. — L’horloge a frappé douze coups, — et ma maîtresse en a frappé un… sur ma joue. — Elle s’est échauffée ainsi parce que le dîner a re-