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SCÈNE XIX.

gué.

C’est étrange ; qui a donc la vraie Anne ?

page.

J’ai une appréhension au cœur : voici maître Fenton.

Entrent Fenton et Anne Page.

Qu’est-ce à dire, maître Fenton ?

anne.

Pardon, bon père ! ma bonne mère, pardon !

page.

Eh bien, mistress ? Comment se fait-il que vous ne soyez pas partie avec maître Slender ?

mistress page.

Pourquoi n’êtes-vous pas partie avec monsieur le docteur, donzelle ?

fenton.

— Vous l’accablez ! Écoutez la vérité. — Vous vouliez pour elle un mariage misérable, — où les sympathies n’eussent pas été assorties. — Le fait est qu’elle et moi, depuis longtemps fiancés, — nous sommes désormais si fermement unis que rien ne peut nous séparer. — Sainte est l’offense qu’elle a commise ; — et ce stratagème ne saurait être traité de fraude, — de désobéissance, d’irrévérence, — puisque par là elle évite et écarte — les mille moments d’irréligieuse malédiction — qu’allait lui imposer un mariage forcé.

gué.

— Ne restez pas ainsi consternés. Il n’y a pas de remède. — En amour, le ciel exerce un empire souverain ; — les terres s’achètent par argent, les femmes s’acquièrent de par le sort ! —

falstaff.

Je suis ravi de voir que, bien que vous eussiez pris position pour m’atteindre, votre flèche a porté contre vous.