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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR.

Il doit avoir de telles terreurs, ce me semple, qu’il ne voudrait pas venir. Sa chair est assez punie, ce me semple, pour qu’il n’ait plus de désirs.

page.

C’est aussi ce que je pense.

mistress gué.

— Avisez seulement à la manière dont vous le traiterez quand il sera venu, — et nous, nous aviserons toutes deux au moyen de l’amener là.

mistress page.

— Une vieille tradition raconte que Herne le chasseur, — garde de la forêt de Windsor au temps jadis, — revient, durant tout l’hiver, dans le calme de minuit, — rôder autour d’un chêne, avec de grandes cornes au front ; — et alors il flétrit les arbres, il ensorcelle le bétail, — il fait donner du sang aux vaches laitières, et secoue une chaîne — de la manière la plus sinistre et la plus effroyable… — Vous avez entendu parler de cet esprit, et vous savez fort bien — que les vieillards superstitieux et crédules — ont reçu et transmis comme vraie — à notre génération cette légende de Herne le chasseur (17).

page.

— Eh ! mais il y a encore nombre de gens qui ont peur — de passer au milieu de la nuit près du chêne de Herne (18). — Mais où voulez-vous en venir ?

mistress gué.

Eh bien, voici notre idée : — que Falstaff vienne nous rencontrer près de ce chêne, — sous le déguisement de Herne, avec de grandes cornes sur sa tête.

page.

— Soit ! admettons qu’il y vienne, — et sous ce déguisement. Quand vous l’aurez amené là, — qu’en fera-t-on ? quel est votre plan ?