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SCÈNE XI.

férence d’un dé, la poignée contre la pointe, la tête contre les talons ; et enfin la torture d’être enfermé, comme pour une violente distillation, avec des bardes puantes fermentant dans leur crasse ! Pensez à ça !… Un homme de ma trempe ! Pensez à ça !… Moi, sur qui la chaleur agit comme sur du beurre, un homme en incessante dissolution, en dégel continu. C’est miracle que j’aie échappé à la suffocation. Et au plus fort de ce bain, quand j’étais plus qu’à moitié cuit dans la graisse, comme un plat hollandais, être jeté à la Tamise, et, tout rouge de chaleur, refroidi dans cette eau, ainsi qu’un fer à cheval ! Pensez à ça !… tout chaud, tout bouillant !… Pensez à ça, maître Fontaine.

gué.

Sérieusement, monsieur, je suis fâché que pour moi vous ayez souffert tout cela. Ainsi je n’ai plus d’espoir ; vous ne ferez plus de tentative auprès d’elle.

falstaff.

Maître Fontaine, je veux être jeté dans l’Etna, comme je l’ai été dans la Tamise, plutôt que de renoncer à elle ainsi. Son mari est allé ce matin chasser à l’oiseau ; j’ai reçu d’elle un message pour un autre rendez-vous : ce sera entre huit et neuf heures, maître Fontaine.

gué.

Il est déjà passé huit heures, monsieur.

falstaff.

Vraiment ? Je vais donc me préparer pour mon rendez-vous. Venez me voir à l’heure qui vous conviendra, vous saurez mon succès, et en conclusion, pour couronner la chose, vous la posséderez. Adieu, elle sera à vous, maître Fontaine. Fontaine, vous ferez cocu le Gué.

Il sort.
gué.

Humph ! hein, est-ce une vision ? est-ce un rêve ? suis-je