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SCÈNE V.

aujourd’hui une si formidable résistance. Qu’en dites-vous, sir John ?

falstaff.

Maître Fontaine, d’abord j’accepte sans façon votre argent ; ensuite, donnez-moi votre main, et enfin, foi de gentilhomme, vous aurez la femme de Gué, si vous le voulez.

gué.

Ô cher monsieur !

falstaff.

Je vous dis que vous l’aurez.

gué.

Usez librement de mon argent ; il ne vous fera pas défaut.

falstaff.

Usez librement de mistress Gué, maître Fontaine ; elle ne vous fera pas défaut. Je dois la voir (je peux vous le dire), à un rendez-vous qu’elle m’a donné elle-même ; juste au moment où vous êtes arrivé, son assistante ou sa procureuse me quittait. Je répète que je dois la voir entre dix et onze heures, car c’est le moment où son affreux jaloux, son coquin de mari, doit être absent. Venez me trouver ce soir ; vous connaîtrez mon succès.

gué.

Mes relations avec vous sont une bénédiction. Connaissez-vous Gué, monsieur ?

falstaff.

Au diable le pauvre cocu ! Je ne le connais pas. Pourtant j’ai tort de le traiter de pauvre. On dit que ce coquin de cornard jaloux a des monceaux d’or ; c’est ce qui fait pour moi le charme de sa femme. Je veux la posséder comme la clef du coffre de ce gredin de cocu ; et alors commencera pour moi la récolte.